30 juin 2016

Dormir chez Rick Deckard

Il y a quelques années, en tant que fan des instrumentaux de Brian Eno et du genre ambient en général (style de musique électronique minimaliste, discrète et atmosphérique, parfaite pour se reposer voire s’endormir dessus), je me suis retrouvé, au fil de mes recherches sur le net, confronté aux vidéos « ASMR ».

Audiodrome

Version 2.0. de la méditation, l’ASMR, pour Autonomous Sensory Meridian Response, est une technique de relaxation virtuelle et gratuite – on trouve un choix considérable de vidéos sur YouTube, et quelques « stars » pour lesquelles les compteurs affichent un nombre de vues souvent impressionnant. Comme pour I-Doser, le logiciel (quant à lui payant) qui utiliserait une « drogue auditive » pour mettre un individu dans un état de conscience altéré, aucune recherche scientifique, crédible ou non, de médecine traditionnelle ou pas, n’a été faite sur le sujet de l’ASMR. Les créateurs de ces vidéos d’hypnose amateur sont donc des dilettantes, sans notion professionnelle de sophrologie par exemple, juste très outillés pour avoir une qualité de son pur et irréprochable (les micros binauraux permettent de recréer une qualité de son très proche de la perception sonore humaine). Car dans ces vidéos, c’est le son qui est important : hommes ou femmes qui murmurent, frottements lents, bruit de pages qui se tournent, de craquements, tapotements, etc. Le but est de procurer à l’auditeur une sensation de plaisir et de détente extrême, de picotements au cerveau, et d’« orgasme cérébral » pour reprendre le terme répandu sur le web, d’où l’importance d’avoir de bons écouteurs afin de ressentir, par exemple, le moment agréable (ou pas) où le son basculera à droite ou à gauche. Les personnes devenues accros finissent parfois à avoir du mal à retrouver le sommeil dans le silence, ayant pris l’habitude de s’endormir avec des écouteurs, en écoutant une de ces vidéos qui durent parfois jusqu’à 12 heures. Nul doute que David Cronenberg pourrait en tirer quelque chose d’intéressant s’il se remettait au cinéma (il semblerait que le cinéaste ait décidé de se consacrer dorénavant à l’écriture de romans)...

Dormir chez un Replicant

Tout le monde ne réagit évidemment pas de la même façon face à ce phénomène. Voir et entendre des gens chuchoter près d’une caméra peut irriter, voire angoisser certaines personnes. Personnellement, je suis assez insensible à ça, à mon grand regret d’ailleurs, mais sûrement qu’à l’adolescence, où j’étais plus « ouvert » pour ce genre d’expériences, ces vidéos auraient pu éventuellement me relaxer. J’ai tout de même découvert un univers à la mode assez étonnant, parfois drôle, parfois hypnotique...  et parfois cinéphile.

Parmi les catégories de relaxations proposées par l’ASMR, il y a la rubrique « bruit blanc » reproduisant des sons, par exemple, de l’intérieur d’un Airbus A320 en vol, d’un voyage en train (sans enfant qui pleure ni le moindre passager d’ailleurs, heureusement), d’un bateau frappé par les vagues, ou même le « son de l’espace » (où, normalement, il n’y aurait pas de son). Un jour, je suis tombé par hasard sur les vidéos de sons d’ambiance de films de science-fiction. Avez-vous déjà rêvé de dormir dans l’appartement de Rick Dekard (Blade Runner) ou à bord du Nostromo (Alien) ou du Discovery One (2001, l’odyssée de l’espace) ? Des petits malins ont réussi à récupérer la bande sonore de fond de ces films, et la multiplier parfois sur plusieurs heures. Je vous laisse apprécier. Ou pas.

Chez Rick Deckard (Blade Runner, 1982)
(C’est le même son d’ambiance que Ridley Scott avait utilisé pour la scène de l’infirmerie dans Alien, donc cette vidéo aurait pu s’appeler « dormir avec un facehugger sur la tête »)
 

  
À bord du Discovery One de 2001, l'odyssée de l'espace (2001: A Space Odyssey, 1968)


À bord du vaisseau Enterprise (de la série Star Trek : La Nouvelle Génération, 1987-1994)
(Il existe une version de 24 heures pour cette vidéo.)




À bord du Nostromo (Alien, 1979)
 

Dans la centrale énergétique des Krells de La Planète interdite (Forbidden Planet, 1956)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire